RESTER OU PARTIR

Pour reprendre les propos du Docteur Ruffier dans son livre “Cinquante ans de Cyclisme”, à partir d’un certain âge, on verse dans la cacochymie, et par conséquent, on ne peut plus, à vélo, que se traîner sur la route.

Depuis quelque temps, ma dégringolade sur l’autre versant de la vie a dépassé une borne fatidique, et mon rythme ne me permet pas de suivre ceux qui me précèdent à plus vive allure, dans une sortie du dimanche, eux (elles) qui sont pourtant aussi des brêles, comme je l’ai été moi-même plus tôt. Ceci dit, je pourrais les suivre, mais je n’ai pas l’envie, l’envie d’être à fond à un rythme course ne correspond pas à ma conception d’une sortie club.

Par moments, j’ai l’envie de tenter de battre des records. Ma dernière tentative de battre mon record de la montée du col de l’Espigoulier a échoué. Je n’ai jamais réussi à descendre en-dessous des 40 minutes pour le grimper (segment Strava depuis Gémenos de 10,85km à 5,4% de moyenne D+ 581m). J’ai roulé à une moyenne de 160 bpm équivalent à un peu plus de ma FC Max théorique (selon la formule basée sur l’âge), en montant jusqu’à 175 bpm, mais à une allure moyenne de 15,7 km/h, mon record datait de 3 ans en arrière et je mettais 50 secondes de moins. Encore une preuve de ma déchéance.

En longue distance, certes je n’ai jamais pu faire mieux que presque 500 kms en 24h alors que les plus forts sont capables de parcourir plus de 600 kms (dans des courses ultra avec du dénivelé) et d’enchaîner après une micro-sieste, mais ce n’était pas si mal, et j’ai eu le courage et la volonté de le faire, et la fierté d’aller au bout, après plusieurs jours de course.
Mais la longue distance, c’est contre-productif, si j’ai fait de plus en plus de vélo depuis quelques années, c’est surtout pour les bienfaits sur ma santé, et ces dernières années, mon penchant pour l’ultra-distance m’a plus blessé et déglingué qu’autre chose, avec de la souffrance. Mais on n’y pense pas quand on le fait, et on a des étoiles plein les yeux et des souvenirs merveilleux.

Reste maintenant à trouver la motivation, moi qui me remet à rouler la plupart du temps seul, faute de trouver des compagnons de route à mon niveau, qui ne vont pas à un rythme de course mais qui ne se traînent pas non plus, qui ne cherchent plus à battre des records mais peuvent encore relever un challenge, de temps à autre.
Aujourd’hui, je vais me contenter d’aller loin mais moins vite, dans des voyages à vélo. Il ne me reste que des cols et routes inconnues à découvrir, loin d’ici pour des voyages à vélo ou à portée de quelques heures de voiture. Encore faut-il se décider à partir.

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