Les 7 Majeurs

ArrivĂ© Ă  Jausiers dès le mercredi soir, j’ai mon repas du soir prĂ©parĂ© la veille dans la glacière, j’ai juste Ă  transformer la voiture en “camping-car”, et Ă  me trouver un bar oĂą regarder la 2ème demi-finale de la Coupe du Monde, avant de me mettre au lit, pas trop tard, avec encore les belles images de la victoire française de mercredi.

RĂ©veil mis Ă  4h45, rĂ©veillĂ© juste avant, je fais chauffer le cafĂ© pendant que je me prĂ©pare, objectif dĂ©part Ă  5h30. Il fait moins froid que l’autre jour au petit matin.
Je m’habille, prend mon ravito, range tout dans mes poches et la sacoche de guidon, et vais prendre la photo devant l’office du tourisme, avant de mettre en route le gps et commencer Ă  rouler.

Le jour va vite se lever, c’est calme, je croise quelques voitures. Je me remĂ©more la route faite il y a un peu plus de 2 semaines. Je me sens pas trop mal, Vars c’est le premier col, et le plus facile. ArrivĂ© au sommet, je prends la première photo.

Il fait 4 degrĂ©s, ça va cailler dans la descente, je transforme mon bandana en cagoule, mets les gants longs et le kway. J’aurai juste un peu froid aux pieds.

ArrivĂ© Ă  Guillestre, je pars sur Briançon pour monter le 2ème col d’Izoard. Cette fois, je le monte bien, il y a dĂ©jĂ  du monde Ă  vĂ©lo. J’essaie de boire souvent, mĂŞme s’il ne fait pas encore trop chaud, et commence Ă  me ravitailler, rĂ©gulièrement. C’est un jeu de patience, il faut s’Ă©conomiser, pas trop monter le rythme cardiaque et appuyer sur les pĂ©dales quand la pente s’accentue en alternant position assise et en danseuse. En haut, un groupe de cyclistes de La Voulte est lĂ , un gars fait la promotion de voyages et sĂ©jours de la FFT et me prend en photo.


Tiens le marchand de bonbons et nougats est lĂ . Il voit mon maillot du club et me dit connaĂ®tre Roquefort-la-BĂ©doule, avec son fameux restaurant asiatique, oui bon… Je lui dis que j’y habite et qu’il y a d’autres choses Ă  voir de mon village.

Je redescends cette fois sur le carrefour pour aller sur Chateau-Queyras puis Chateau-Ville-Vieille oĂą je remplis mes bidons et prends un sandwich qui en fait mesure bien dans les 60 cm, est-ce que je vais tout manger ? Une fois bien restaurĂ©, je commence la grimpĂ©e du col d’Agnel. La route est tellement belle avec des paysages magnifiques, les premières marmottes, mais que c’est dur, les 6 derniers kms sont redoutables, et j’ai du mal. Je souffre, n’ai pas les jambes, mais je m’accroche et c’est la rĂ©compense. La brume est bien prĂ©sente au sommet et aussi de l’autre cĂ´tĂ© en Italie. Encore une photo, puis je contemple la stèle en l’honneur du coureur italien disparu rĂ©cemment Scarponi.

VoilĂ , ça fait 3 cols, plus qu’un Ă  faire, mais avant, un peu de descente jusqu’Ă  Sampeyre, en essayant de tourner les jambes pour dissiper les premières toxines accumulĂ©es. La brume se dissipe peu Ă  peu mais pour laisser la place Ă  un temps gris et avec la pluie menaçante. ArrivĂ© Ă  Sampeyre, je profite pour remplir mes bidons, Ă  sec, et prendre un coca. Je regarde l’heure, je sais qu’il y a 2 bonnes heures pour ce dernier col de la journĂ©e, je ne voudrais pas arriver trop tard au gite. Quand je reprends la route, je suis un peu agacĂ© de voir le chrono avancer trop vite. Alors j’essaie d’accĂ©lĂ©rer l’allure, et Ă  me faire un peu plus mal. Puis voilĂ  la pluie qui s’en mĂŞle. Heureusement ce ne sont que quelques gouttes, j’entends le tonnerre mais c’est de l’autre cĂ´tĂ©. Par contre, ce sont de grosses gouttes de sueur qui s’Ă©chappent du bandana, qui me piquent les yeux et m’obligent Ă  enlever les lunettes, quand j’arrive en haut et que je l’enlève pour l’essorer, c’est impressionnant ! Encore une photo.

J’aperçois la vallĂ©e bien dĂ©gagĂ©e et ensoleillĂ©e, cette fois c’est gagnĂ© pour cette première journĂ©e, descente pendant une vingtaine de kms pour aller au gĂ®te.

ArrivĂ© sur place peu après 18h, je reconnais le propriĂ©taire qui m’accueille et me demande comment s’est passĂ© cette journĂ©e, lui-mĂŞme faisant du vĂ©lo, quand j’Ă©tais venu repĂ©rer les lieux, je lui avais parlĂ© de ce que j’allais rĂ©aliser. 195 kms avec 5257m de dĂ©nivelĂ©, mon record Ă©tait de 4400m jusque-lĂ . Il me montre la chambre, en dortoir, pour moi tout seul, sinon il y a des familles et couples allemands et anglais qui font de la marche. Je n’ai pas de rechange, fait un peu de lavage de ce qui pourra ĂŞtre sec le lendemain et enfile la petite polaire que j’ai conservĂ© propre après la douche et pour aller dans la salle Ă  manger. Au menu, antipasti puis gnocchi au pistou suivi de poulet carottes Ă©pinards et une pĂŞche Melba en dessert. C’est sa femme qui cuisine, c’Ă©tait bon. Il rĂ©gnait une ambiance sympa mĂŞme si chacun Ă©tait Ă  sa propre table. J’ai rĂ©glĂ© ma note pour gagner du temps le lendemain matin oĂą le petit dĂ©jeuner est servi Ă  partir de 8h. Je rĂ©ussis Ă  nĂ©gocier un service un peu plus tĂ´t Ă  7h30.

RĂ©veil 6h30, je suis rĂ©veillĂ© avant. Je regarde si ce que j’ai lavĂ© est sec, ça ira. Je rattroupe mes affaires, peu nombreuses, me met en tenue et file dans la salle commune pour le petit dĂ©jeuner qui sera frugal, je mets dans les poches un oeuf cuit dur et 2 fruits.

Il est 7h50 quand je mets en selle. J’ai bien rĂ©cupĂ©rĂ©, c’est une journĂ©e ensoleillĂ©e qui s’annonce.

Direction Marmora après Stroppo, j’ai oubliĂ© de remplir mes bidons en partant mais je sais qu’il y a une fontaine Ă  Ponte Marmora. Pas de perte de temps pour trouver la route, je la connais, je vois que des travaux de rĂ©fection de la route sont terminĂ©s ou bien avancĂ©s depuis mon dernier passage. Je monte tranquillement, il y a 2 petits murs Ă  18% que je passe Ă  pied. Et puis arrivent les derniers kms prĂ©cĂ©dant le col d’Esischie avant le col de la Fauniera et ne rĂ©siste pas Ă  la tentation de reprendre quelques photos des ces paysages fantastiques.

Enfin, le sommet, je n’ai pas souffert. Photo du 5ème col dans la boĂ®te, je descends sur Demonte tranquillement. En bas, je prends un coca et un petit sandwich que je vais manger un peu plus loin au pied du col de la Lombarde, j’enlève les jambières parce-qu’il fait dĂ©jĂ  chaud Ă  11h.

J’aime bien ce col, il est dur mais avec des portions qui permettent de rĂ©cupĂ©rer un peu au milieu et avant le sommet. Mais j’ai chaud et les premières douleurs aux pieds m’obligent Ă  m’arrĂŞter pour les faire passer. 2ème col de la journĂ©e passĂ© sans fatigue, le 6 ème, plus qu’un Ă  faire avant la descente sur Saint-Etienne-de-TinĂ©e, ça s’annonce bien, je me rapproche de l’objectif final.

La descente sur Isola 2000 puis Isola avec des virages serrĂ©s laissent place Ă  un faux plat qui se rĂ©vèle ĂŞtre montant, et non descendant, avec de plus, du vent de face. 16 kms Ă  faire, j’ai l’impression de pas avancer. Une cĂ´te de 2-3 kms avant d’arriver Ă  Saint-Etienne-de-TinĂ©e se prĂ©sente, je l’avais repĂ©rĂ©e, mais je commence Ă  accuser le coup, il faut que je m’arrĂŞte boire un coup. Il me reste un nougat et un gel, c’est pas beaucoup pour terminer.

Je commence Ă  monter, mais je sens que n’y arrive pas, les pieds, de nouveau, qui chauffent, il fait encore chaud et je commence Ă  sentir le dĂ©but de la fringale, pas bien du tout. En voyant un panneau Restaurant Ă  5 kms, je me force Ă  m’y arrĂŞter pour me ravitailler et prends l’assiette de charcuterie fromage proposĂ©e. Je me sens dĂ©jĂ  mieux quand je repars mais c’est de courte durĂ©e alors je m’accroche et compte les kms. Car le vent redouble et par endroits il y a des rafales et lĂ  le combat devient inĂ©gal. J’arrive finalement en haut de la cime en faisant les derniers mètres Ă  pied de cette pente Ă  15%. Je n’en peux plus. Une dernière photo, vite fait et puis je descends sur Jausiers bien habillĂ© parce-qu’il fait froid malgrĂ© le soleil encore prĂ©sent sur une bonne partie de la route. Cette fois, c’est la fin, tout s’est bien passĂ© malgrĂ© qu’on soit un vendredi 13.

Je prends une dernière photo devant l’office du tourisme et retourne Ă  la voiture laissĂ©e sur le parking.

175 kms et encore pas loin de 5000m de D+. Je me restaure avec ce que je trouve dans la glacière, un peu chaude et puis je rentre Ă  la maison, content d’avoir rĂ©alisĂ© mon rĂŞve, un rĂŞve inaccessible pour moi il y a encore quelques annĂ©es de cela.

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