L’épreuve d’une vie

Paris-Brest-Paris, c’est l’épreuve d’une vie, un évènement extrême et démesuré qui force le respect, car il faut repousser ses limites, aller au bout de l’effort malgré les douleurs et les kilomètres qui s’accumulent, un truc de fou.

Prendre le départ sans pression, puis ne pas s’arrêter de rouler, de progresser, d’une ville à une autre, d’un checkpoint à un autre, s’arrêter le moins possible, pour être au plus près de son plan de route et s’approcher des temps de passage prévus. Mais on ne décide pas de l’allure qu’on a, il y a des aléas, pas seulement dûs à la météo ou aux compagnons de route qu’on a, forts ou moins forts, il y a l’énergie qui va baisser de plus en plus, du dénivelé où même des faux plats insignifiants vont faire qu’on n’avance plus, les problèmes de selle, de pieds qui brûlent, les douleurs dans les paumes des mains, dans les épaules et les cervicales…
Rouler le jour, rouler la nuit. Ne pas rouler seul, si possible mais à son rythme, sans faire chauffer le moteur, rester humble, savoir aussi accepter de se retrouver seul, par moment. C’est l’état d’esprit.
Affronter le temps des 4 saisons, avec le froid, la chaleur, la variation des températures, le vent, la pluie.
Lutter contre la fatigue, supporter la douleur, dans les jambes, aux fesses, dans les cervicales, faire circuler le sang dans les pieds lorsqu’ils brûlent. C’est tout le paradoxe, on prend du plaisir à souffrir.
Rester concentré, éviter la lassitude, s’arrêter quand il y a besoin, dès qu’on sent qu’on somnole, rester vigilant et lucide. Récupérer aussi bien qu’une nuit complète en ne dormant que 2h, se masser ou se faire masser, marcher pieds nus, faire des étirements.
S’alimenter sans arrêt, éviter la fringale, boire, boire, boire, on ne boit jamais assez, ne pas se déshydrater.
Le PBP, c’est fort en émotions, il y a des regards, beaucoup de solidarité avec des rencontres et des échanges avec les autres participants, les gens le long de la route. Profiter de l’ambiance avant le départ, avec la découverte de vélos de tout style. Assister aux premiers départs, et prendre le départ à son tour, apprécier les gens qui applaudissent, nous encouragent, nous offrent à boire et à manger tout au long du parcours.

PBP, c’est une longue préparation, de plusieurs années, une habitude à rouler sur de longues distances pendant des dizaines d’heures d’affilée, il y a une expérience à acquérir. De l’entraînement, il en faut, un kilométrage annuel à 5 chiffres, mais aussi des entraînements variés, pour ne pas perdre de vue que si on fait autant de vélo, c’est qu’on l’aime, et si on l’aime, c’est parce-qu’on prend du plaisir. Et le plaisir de la réussite tient à la difficulté pour l’atteindre.

Une grosse préparation physique générale, c’est mieux, une préparation mentale, c’est obligé. Il n’y a pas un jour qui passe sans que je pense à cette épreuve depuis que je me suis engagé à le faire. Ca donne un sens à l’existence. Se décider à le faire, mettre toutes les chances de son côté pour espérer prendre le départ, en réalisant un ou des brevets l’année précédant l’épreuve, afin de pouvoir se préinscrire. Puis réaliser les 4 brevets de 200, 300, 400 et 600 kms pour confirmer son inscription.


Mettre toutes les chances de son côté pour terminer, c’est avoir un vélo comme neuf au départ, mais prévoir aussi que quelque chose peut arriver. Lubrifier sa chaîne, réparer ou changer une chambre à air, en cas de crevaison, mais aussi réparer sa chaîne, ajouter un maillon, prévoir une attache rapide, emmener quelques rayons et les outils qui vont avec, pour aller au bout de son rêve en cas de pépin.

Vive le PBP !

Comments are closed.