ENCORE DE LA LECTURE

Il y a quelques semaines, j’ai lu successivement 3 livres en rapport avec le vĂ©lo, pas forcĂ©ment des livres qu’on a envie de lire. 2 se ressemblent et racontent la dĂ©chĂ©ance de deux champions, Frank Vandenbroucke et Marco Pantani, et le 3ème tente  de percer le mystère du dopage mĂ©canique. L’auteur du premier est Olivier Haralambon, ancien coureur cycliste qui s’est par la suite orientĂ© vers des Ă©tudes de philosophie et de journalisme. Les deux derniers sont du mĂŞme auteur, Philippe Brunel.

Mort en 2009, Ă  34 ans, poursuivi par le dopage et la dĂ©pression, broyĂ© par le monde de la course qui l’avait tant fĂŞtĂ©, Frank Vandenbroucke “l’enfant terrible du cyclisme belge” est un “Ă©chappĂ©”, repoussant toujours la limite de l’effort, jusqu’au bout du souffle. Olivier Haralambon, ancien coureur, l’a connu puis s’est orientĂ© vers des Ă©tudes de philosophie et le journalisme. Son roman est un voyage au bout de l’extrĂŞme en quĂŞte de ce frère de ce double ? FoudroyĂ©.

Le 14 février 2004, Marco Pantani est retrouvé mort, d’une overdose, dans la Résidence La Rose à Rimini. L’enquête révèle qu’il a vécu seul, les derniers jours de sa vie, et qu’avant de mourir, il a mangé de la cocaïne puis détruit sa chambre dans un accès de paranoïa. Le jour de ses funérailles, les journaux reproduisent le portrait d’un ancien champion dépressif, toxicomane et dépravé. Chargé du dossier, le juge Paolo Gengarelli écarte d’emblée la piste du suicide et de l’homicide. L’instruction est bouclée en moins de deux mois. L’enquête, pourtant, ménage des zones d’ombres. Le désordre de la pièce suggère qu’il s’est probablement défendu contre un agresseur. Pantani d’ailleurs, avait réclamé de l’aide par téléphone à la réceptionnniste parce que des gens « le dérangeaient », et son cadavre présentait des traces noirâtres sur la nuque, des excroissances de chair, pareilles à des onglets, laissant penser qu’on l’avait contraint à avaler de la cocaïne. Enfin, ceux qui l’avaient croisé, dans les derniers instants de sa vie, les employés de l’hôtel, ses voisins de palier, se souvenaient d’un homme affable, plutôt calme et courtois, en contradiction avec ce personnage égaré, bouffi de solitude, décrit par la police. Pour tenter de résoudre le mystère de sa mort, l’auteur mène une contre-enquête, obsessionnelle et minutieuse. Il se remet dans les pas de Pantani. A Rimini dans le bureau du juge. A Bologne au procès de ses dealers. A Cesenatico, dans sa ville natale, une station balnéaire de la Riviera Adriatique, la « riviera delle sballo » théâtre de tous les vices, mais aussi auprès de ceux qui l’ont connu, ses parents, ses proches, ses amis d’enfance, sans jamais trahir le sujet de sa quête : Marco Pantani lui-même. L’homme autant que le personnage. Le champion au-delà de sa légende. En allant toujours, au plus près de la vérité. Avec à la clé, cette question subsidiaire : et si tout s’était noué le 5 juin 1999 à Madonna di Campiglio, quand on l’a banni du Tour d’Italie au terme d’un contrôle anti dopage ?

Brunel y raconte ses différents rendez-vous avec Varjas, en Hongrie mais aussi en Italie ou encore en France où le journaliste essaie de percer le mystère autour de ce personnage. Il y reprend également quelques aspects de la vie d’Armstrong révélé par les nombreux ouvrages consacrés au Texan depuis près de cinq ans et sa descente aux enfers. Néanmoins les lecteurs, aimant la précision, relèveront justement au sujet de l’américain quelques incohérences dans les écrits de Brunel. Témoin cet épisode où l’épouse de Greg Lemond, Kathy, reçut un coup de téléphone de Lance Armstrong après l’abandon de son mari dans une étape du Tour. Le texan avait tout simplement pris une option sur la maison qu’occupait les Lemond à Courtrai en Belgique, pendant la saison européenne en arguant que le triple vainqueur du Tour était, selon les mots du jeune champion du monde en titre « désormais fini ! » Si cette anecdote du coup de fil a déjà été évoquée dans le passé par Kathy Lemond, Brunel la situe après l’abandon de Lemond au lendemain de sa terrible défaillance dans l’étape de Sestriere en… 1994! Alors que celle-ci avait eu lieu en 1992… Si c’est en effet l’année suivant le titre mondial d’Armstrong, que le renoncement de Lemond en question eu lieu, c’était sur une route de Normandie, dans la sixième étape du Tour de France, poussant son jeune compatriote à s’emparer de son téléphone.

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