Mon Paris-Brest-Paris

J’ai achevĂ© ce Paris-Brest-Paris en arrivant Jeudi matin vers midi en Ă©tant parti Lundi matin Ă  5h15, soient 78h50 dont 56h43 sur la selle.

Avant le départ :

Vendredi, je suis parti en voiture de la maison pour rejoindre Rambouillet. Comme ça fait pas mal de kilomètres, et que je voulais ne pas faire la route d’une traite, j’ai fait une halte en fin d’après-midi, dans un camping, bien calme, Ă  200 kms de l’arrivĂ©e. J’ai fait une petite marche autour du camping, dans cette petite bourgade, oĂą il n’y avait pas grand chose Ă  voir puis j’ai prĂ©parĂ© mon repas du soir et je me suis couchĂ© tĂ´t.
Samedi, je me suis levĂ© Ă  5h pour garder le rythme de mon cycle de sommeil, que j’ai pris depuis quelques jours. J’ai bien dormi, je prends le petit dĂ©jeuner, une douche, je prends mon temps. En partant, je fais le plein de carburant et file ensuite sur Rambouillet.
En arrivant par le centre ville, c’est bien flĂ©chĂ©, je vois dĂ©jĂ  des randonneurs qui doivent certainement faire contrĂ´ler leur vĂ©lo aujourd’hui, pour moi ce sera dimanche. J’arrive donc sur le parking longue durĂ©e, il y a des bĂ©nĂ©voles qui m’indiquent le chemin. Je vais me garer oĂą un autre bĂ©nĂ©vole me dit de me mettre, finalement je me trouve Ă  200m de la Laiterie de la Reine sur le site du château.

  
C’est impressionnant, le monde qu’il y a dĂ©jĂ , et dans l’après-midi, ça va se remplir complètement, plus une place de libre de chaque cĂ´tĂ© des routes, les gens s’installent avec de petites tentes, des campings-car en dehors du parking payant pour les campings-car qui ont rĂ©servĂ© puis le dimanche, c’est noir de monde, ça arrive par des bus, ça devient compliquĂ© pour se croiser sur la petite route.

Après mon arrivĂ©e, je suis allĂ© faire un tour au centre de Rambouillet, faire quelques achats, dont le premier est un parapluie, il commence Ă  pleuvoir. C’est pas la porte Ă  cĂ´tĂ©, Ă  pied, pas loin non plus, mais en me rendant Ă  la Bergerie Nationale, lĂ  oĂą a lieu le contrĂ´le des vĂ©los, toute l’organisation, mais aussi le concours de machines… je ferai pas loin de 10 kms Ă  pied, en me promenant aussi dans le parc du château qui est très Ă©tendu.


Sur le site de la Bergerie, je croise une des jumelles qu’on voit dans le film “Sur la route de l’extrĂŞme” retraçant le PBP 2011. Je la prends en photo, elle s’excuse car son vĂ©lo couchĂ© est emballĂ© avec un sac plastique. Très sympa, ici les gens sont simples et naturels.


Après je vais voir le concours de machines, oĂą sont prĂ©sentĂ©es de belles randonneuses, il y a vraiment de beaux vĂ©los et de l’originalitĂ© dans ce que je vois, ça fait envie mĂŞme si ces vĂ©los en acier sont plus lourds.

Dimanche, dans la nuit, c’est le dĂ©luge, ça devient boueux, j’irai Ă  pied avec mon vĂ©lo Ă  contrĂ´ler pour Ă©viter une sĂ©ance de cyclo-cross. La pluie s’arrĂŞte, puis ça reprend de plus belle, jusqu’Ă  13h, la mĂ©tĂ©o l’avait annoncĂ© et après ça devrait ĂŞtre du beau tout au long de la randonnĂ©e. On aura de la chance.


Vers 10h, je fais contrĂ´ler mon vĂ©lo, des bĂ©nĂ©voles, anglo-saxons pour faire la traduction s’adressent Ă  moi en anglais, puis voyant que je suis français, baragouinent pour me dire que c’est bon, en ayant contrĂ´lĂ© essentiellement l’Ă©clairage avant, et Ă  l’arrière, j’ai bien fait de prendre un feu supplĂ©mentaire que j’ai fixĂ© sur un des haubans. Je montre que j’ai des piles de rechange. Ensuite, je laisse mon vĂ©lo au parc Ă  vĂ©lo et me dirige dans la cour de la bergerie pour retirer le gilet de sĂ©curitĂ©, la plaque de cadre contenant la puce Ă  placer Ă  la verticale, un autre numĂ©ro de dossard Ă  placer devant, le carnet de route, un sticker Ă  mettre sur le casque pour les photos, un bracelet avec mon numĂ©ro permettant de reprendre mon vĂ©lo sur lequel ce mĂŞme numĂ©ro avait Ă©tĂ© Ă©tiquettĂ©.

Charge Ă  moi maintenant de fixer tout ça sur le vĂ©lo. ça y est, je suis prĂŞt, en dĂ©but d’après-midi, la route commence Ă  sĂ©cher, je fais un tour pour voir si tout est bien attachĂ©, si les freins fonctionnent et les vitesses passent bien. Tout va bien.


16h approchent, je me dirige à pied pour assister aux premiers départs et repérer où se trouvent les sas de départ.

Impressionnant, je vois tous ces randonneurs, avec toutes sortes de vĂ©los, de toutes nationalitĂ©s, l’arche pour la ligne de dĂ©part. J’assiste au dĂ©part des moins de 80 heures, c’est la fĂŞte, tout le monde applaudit, certains randonneurs filment leur dĂ©part, je frissonne.

Le film du départ des moins de 80h

Ensuite ça va ĂŞtre des dĂ©parts tous les quarts d’heure, les premiers avec les numĂ©ros commençant avec A pour moins de 80h, les suivants de B Ă  W en moins de 90h, jusqu’Ă  20h, puis lundi matin, Ă  5h dĂ©part des X, Y, Z des moins de 84h. Je croise dans les B, Thierry Saint-LĂ©ger avec son fixie. Je m’arrĂŞte le prendre en photo, le remercie, il doit avoir l’habitude d’ĂŞtre pris en photo, très populaire dans le monde de l’ultra. Dans les cĂ©lĂ©britĂ©s, il y a aussi l’allemande vainqueur de la Transcontinental Race, Fiona Kolbinger, arrivĂ©e Ă  Brest en partant de Bulgarie il y a Ă  peine 2 semaines. Egalement Bjorn Lenhard, qui est le dĂ©tenteur du meilleur temps en 2015 en 42h26.


Je repars finir de me prĂ©parer, cuire un oeuf dur et prĂ©parer les sandwichs Ă  mettre dans la musette pour Ă©viter de m’arrĂŞter et de perdre du temps aux contrĂ´les : viande des grisons-purĂ©e de noix de cajou, boudin noir-noix de cajou, beurre-gruyère, saucisson-beurre. J’ai aussi prĂ©parĂ© avant de partir des barres de patate douce-gingembre, gatosport, toutes sortes de barres de cĂ©rĂ©ales, amandes-son d’avoine, amandes, pâtes de fruits, nougats…

Revenu Ă  la voiture, je discute avec des italiens stationnĂ©s Ă  cĂ´tĂ© de moi, et qui se prĂ©parent Ă  partir dans la soirĂ©e, l’un d’eux s’appelle Gabriele, comme mon petit-fils, un autre italien n’est pas loin, il partira Ă  5h juste avant moi, c’est sa 2ème participation, il veut amĂ©liorer son temps de 66h… Il y a un couple nĂ©erlandais de l’autre cĂ´tĂ©, et des français qui sont arrivĂ©s dans l’après-midi aussi avec lesquels j’Ă©change pas mal, et qui me parlent de leur expĂ©rience des PBP qu’ils ont fait, et me donnent quelques conseils. C’est sympa.
Il est bientôt 20h, je mange mes pâtes et puis au lit.

Le récit de la course :

CouchĂ© Ă  20h, rĂ©veillĂ© Ă  3h30, j’ai bien dormi et j’ai bien accumulĂ© du temps de sommeil en vue des nuits sans dormir qu’y m’attendent. Je prends le temps de me prĂ©parer et dĂ©cide de prendre veste thermique et gants longs, car il fait seulement 7°, ce que je vois après en allumant le Garmin au dĂ©part. J’arrive 3/4h avant l’heure de dĂ©part mais il y a dĂ©jĂ  bien du monde devant moi dans les sas.


Un gars vient se mettre Ă  cĂ´tĂ© de moi en enjambant la barrière, on discute, c’est sa 3ème participation. Mais il sait qu’il va abandonner et faire demi-tour Ă  Mortagne car il souffre du talon d’achille.

Rambouillet Ă  Mortagne : le dĂ©part est donnĂ©, ça caille un peu, et ça roule vite dans ce peloton de plus de 300 randonneurs qui se morcelle petit Ă  petit. Je tiens le rythme les 150 premiers kms, je suis Ă  une allure de 29 km/h. Sans arrĂŞt pratiquement, j’avais ma musette dans le dos. Après, j’ai une pĂ©riode de moins bien qui dure 50-60 kms et après ça revient, toujours en peloton dans de petits groupes, oĂą on rattrappe des X partis avant nous mais il y a aussi des Z partis après nous qui nous rattrappent. On arrive Ă  Mortagne, oĂą il n’y a pas de contrĂ´le mais on doit quand mĂŞme passer par le passage balisĂ© pour rentrer et pour sortir.

Mortagne Ă  Villaines-la-Juhel : Quand je n’arrive plus Ă  tenir le rythme, je lâche le groupe et les gens qu’on rejoint vont moins vite que nous, ou alors de petits groupes nous dĂ©passent Ă  vive allure et on ne peut les suivre. Pas Ă©vident. Mais j’avance. Super ambiance Ă  Villaines-la-Juhel avec un animateur au micro, la foule qui nous acclame. Je repars assez vite après avoir fait le plein de mes bidons, que je recharge de temps en temps avec une dose d’overstims longue distance.

Villaines-la-Juhel Ă  Fougères : je roule encore bien, ne souffre pas et suis encore en avance sur mon tableau de marche. Mais c’est vrai que je ne m’accorde pas de repos Ă  chaque Ă©tape de contrĂ´le, oĂą il faut ranger le vĂ©lo dans le parc, se souvenir oĂą on l’a mis, ne pas laisser le tĂ©lĂ©phone, l’argent et le compteur, aller faire pointer, remplir les bidons, se ravitailler, aller aux toilettes, revenir au vĂ©lo, le chercher, par moment, on ne le trouve pas tout de suite…

Fougères Ă  TintĂ©niac : ArrivĂ© Ă  TintĂ©niac, j’enrage car il y a la queue pour tout, et surtout il y a une petite averse juste quand je reprends la route mais ça ne dure pas.

TintĂ©niac Ă  QuĂ©dillac : c’est plat et ça ne fait que 28 kms que je fais en compagnie d’un gars du Contentin, qui me parle de la semaine fĂ©dĂ©rale de la FĂ©dĂ©ration du VĂ©lo, dont il anime le site internet. ArrivĂ© Ă  QuĂ©dillac, je prends une soupe et une crĂŞpe avec un Perrier avant de repartir rapidement.

QuĂ©dillac Ă  LoudĂ©ac : Je souffre dans cette Ă©tape au petit matin, c’est dur et il fait froid. ArrivĂ© Ă  LoudĂ©ac, j’ai essayĂ© de trouver un coin pour poser mon tapis de sol mais pas moyen de dormir en plein courant d’air derrière la porte du point de restauration au milieu de tous ces cyclistes qui ne ferment pas la porte derrière eux. Alors je me suis fait une raison et je suis reparti plus tĂ´t que prĂ©vu. J’Ă©tais encore en avance sur mon plan de route.

 

LoudĂ©ac Ă  Saint-Nicolas-du-Pelem : dĂ©part 4h39. Je suis gelĂ©, Ă  tel point que laisse ma doudoune pour partir. Je suis Ă©tonnĂ© de ne pas avoir Ă  lutter contre le sommeil. Je m’arrĂŞte dans une boulangerie au lever du jour et discute avec les locaux au comptoir du bar. A Saint-Nicolas, c’est juste l’accueil, pas de contrĂ´le.

Saint-Nicolas-du-Pelem Ă  Carhaix-Plouguer : l’avance que j’avais jusque-lĂ  commence Ă  se rĂ©duire. Pointage Ă  Carhaix et je repars peu de temps après. C’est la dernière Ă©tape avant Brest. J’ai hâte d’y arriver.

Carhaix-Plouguer à Brest : Le Roc de Trevezel est à grimper une première fois. Il arrive après pas mal de côtes déjà avalées, mais je monte assez facilement.

Après Sizun et une galette Ă  la saucisse, un manque d’attention et je chute pour Ă©viter un indien Ă  l’arrĂŞt, plantĂ© lĂ  un peu au milieu comme une vache sacrĂ©e chez eux, c’est la hanche gauche qui prend, et le bas de la manette de frein qui se casse, mais sans consĂ©quence. Je repars.

ArrivĂ© Ă  Brest, je passe sur le pont sous une petite averse, et je prends une photo. On passe par une plage, que je n’avais pas dĂ©couvert l’annĂ©e dernière lors de mon passage.


Après le pointage au contrĂ´le, je m’allonge dans l’herbe pour me reposer un peu, je repars Ă  14h37 au lieu de 14h22 prĂ©vu, mais j’avais surtout prĂ©vu 2h d’arrĂŞt dont une douche. A la sortie du contrĂ´le, je m’achète des brugnons et un avocat et discute avec un randonneur français qui doute de pouvoir y arriver. Un peu plus loin, je reprends un perrier.

Brest Ă  Carhaix :

La photo a été prise par Roland, connu dans le milieu de la longue distance et animant le site cyclo-long-cours, sur la D712 entre Guipavas et Landerneau, 13 km après le contrôle de Brest, mardi 20 août à 15h36 :

Devant moi, un cycliste américain de Floride, qui terminera hors-délai.

Ensuite, le Roc de Trevezel est Ă  faire une 2ème fois mais c’est moins dur car il y a moins de cĂ´tes Ă  monter avant.

A Carhaix, je prends en photo les statues des 4 As du cyclisme breton vainqueurs du Tour de France : Lucien « Petit-Breton », Jean Robic, Louison Bobet, et Bernard Hinault.


ArrivĂ© au contrĂ´le, je prends un repas. A table, un gars engage la conversation. Il parle français avec un accent, je lui demande s’il est belge, non allemand. Il discute ensuite avec des italiens, très polyglotte, cet homme. C’est l’heure de repartir, je maintiens le rythme mais commence Ă  ĂŞtre en retard par rapport Ă  mon plan de route. Peu importe, j’ai de la marge, mais je ne traĂ®ne pas trop et repars.

Carhaix-Plouguer Ă  Saint-Nicolas-du-Pelem : J’arrive Ă  Saint-Nicolas Ă  23h30, j’accuse 1h30 de retard par rapport Ă  mon plan de route. On nous annonce un contrĂ´le surprise. Le seul changement, c’est qu’on doit faire tamponner notre carnet de route. LĂ , je ne me sens pas de continuer sur LoudĂ©ac. Il faut que je dorme sinon je vais tomber. Il y a des couchages libres, on me montre mon lit, je demande Ă  ĂŞtre rĂ©veillĂ© Ă  5h. Il est minuit quand je m’installe et dois dormir sur le dos, car ma hanche me fait mal. Vers 4h30, il y a une sorte de rĂ©veil gĂ©nĂ©ral alors je me lève, je vais me laver, vite fait, vais aux toilettes et prend le temps d’avaler un petit dĂ©jeuner, je repars dans le noir et le froid.

Saint-Nicolas-du-PĂ©lem Ă  LoudĂ©ac : après 4h de sommeil et un petit dĂ©jeuner, je me sens bien. Encore 3-4° au minimum dans les heures les plus fraĂ®ches, je bascule ma dynamo de l’Ă©clairage vers le tĂ©lĂ©phone ou le gps quand il fait jour. La douleur Ă  la hanche est supportable. ArrivĂ© Ă  LoudĂ©ac, je repars assez rapidement du contrĂ´le.

LoudĂ©ac Ă  QuĂ©dillac : je m’accroche, sens la fatigue mais rĂ©siste. J’ai l’impression d’avancer moins vite que prĂ©vu, Ă  cause du retard par rapport Ă  mon tableau de marche, et je me sens obligĂ© de m’arrĂŞter le minimum. A l’arrivĂ©e, je verrai que j’ai mis le mĂŞme temps que celui que j’avais prĂ©vu de faire. A QuĂ©dillac, il n’y a pas de pointage.

QuĂ©dillac Ă  TintĂ©niac : l’Ă©tape est courte comme Ă  l’aller. Je fais pointer mon passage et repars.

 

TintĂ©niac Ă  Fougères : ArrivĂ© Ă  Fougères, pas d’arrĂŞt, il faut que je reparte non plus parce-que j’ai pris du retard sur mon tableau de marche, car j’ai de la marge et je m’en fous, je sais que je vais y arriver, mais c’est plutĂ´t que je veux rester dans la dynamique de rouler, d’avancer quand mĂŞme, d’un contrĂ´le Ă  un autre.

Fougères Ă  Villaines-la-Juhel : Reparti de Fougères rapidement, je vais savourer 4h29 de montĂ©es et de descentes, je crois qu’il n’y a a pas eu de pente Ă  0%. On est passĂ© de 100-200 m Ă  500-600m de nombreuses fois. Quand on croit que c’est la dernière cĂ´te, on remet ça, ça n’en finit pas.
Plusieurs centaines de randonneurs Ă©taient comme moi sur le retour, sur cette portion de route, et il y avait de nombreux “stands de ravito” des habitants, pour offrir de l’eau pour remplir les bidons, boire des cafĂ©s, thĂ©s, manger des gâteaux, prendre une banane pour plus tard… C’est gratuit mais on donne ce qu’on veut 1 ou 2 euros.
Je m’arrĂŞte Ă  mi-distance de cette Ă©tape dure pour manger l’avocat pris Ă  Brest et la banane prise sur un des stands. A la fin des dernières descentes, il faisait nuit et il venait d’y avoir une chute d’un gars devant moi, le samu est vite intervenu, c’Ă©tait la 3ème ou 4ème fois que je voyais le samu intervenir depuis le dĂ©but.
ArrivĂ© Ă  Villaines, la petite ville est animĂ©e, et Jean-Luc Reichmann, animateur de TF1 est prĂ©sent au micro. C’est sympa, je demande Ă  2 gamins de surveiller mon vĂ©lo, ils rigolent, en repartant, je fais des Ă©tirements, la camĂ©ra passe et me filme, bon…

Villaines-la-Juhel Ă  Mortagne : Je repars de Villaines euphorique, ça pourra pas ĂŞtre pire que ce qu’on vient de vivre, et puis on rentre. Il fait nuit mais il y a du monde dehors pour des ravitos ou applaudir, et nous rĂ©pĂ©ter : Allez, courage !

Les japonais mettent la musique sur leur sortie usb de dynamo, c’est leur auto-radio, ça fait drĂ´le quand on passe Ă  cĂ´tĂ© d’eux.
Je m’arrĂŞte un moment mais ça n’est pas le bon plan.
Alors je repars, mais par manque de luciditĂ© et dans le noir, on voit pas sur quel braquet on est, et lĂ , j’Ă©tais sur le grand plateau pensant ĂŞtre sur le petit et en mettant tout Ă  gauche, tout s’est bloquĂ©, j’ai mis ma lampe frontale, pas de dĂ©gât mais je tords la patte de dĂ©railleur, c’est ce que je verrai après.
Jusque lĂ , je suivais la route avec comme repère les feux arrière des vĂ©los qui me prĂ©cèdent. A un moment, je me retrouve avec un randonneur amĂ©ricain, et il me dit, on ne voit plus les “red lights” devant nous. Effectivement, on ne passe pas par Courgains après La Hutte avant de rejoindre Mamers. Tant pis, je continue en voyant la direction Mamers, il y a un ravito Ă  Mamers, oĂą je retrouve les autres randonneurs.
ArrivĂ© Ă  Mortagne, je m’allonge par terre dans un coin, juste une demi-heure sans mettre de rĂ©veil, j’ai du mal Ă  me relever, mal partout.
On sait qu’on va passer la nuit dehors pour finir, beaucoup ne s’arrĂŞteront pas non plus. D’autres dorment dans leur assiette.


En repartant, je regarde mon gps pour passer d’un Ă©cran Ă  un autre, je relève la tĂŞte et lĂ  j’Ă©vite je ne sais pas comment un japonais Ă  contre-sens au milieu de la route. Je sais que je vais terminer, il peut rien m’arriver !

Mortagne Ă  Dreux : De Mortagne, on se dirige vers Dreux, Ă©tape de contrĂ´le qu’on passe seulement au retour. Pour partir, je sens que j’ai de plus en plus mal au niveau du tendon d’achille, j’avais eu ça lors du brevet des 600 kms, et c’Ă©tait passĂ©. ça devient de plus en plus prĂ©sent Ă  tel point que chaque coup de pĂ©dale me fait souffir, alors j’essaie de pĂ©daler le moins possible et au fil du temps, j’arrive Ă  retrouver des cycles de pĂ©dalage normaux mĂŞme si ça me fait mal. Il ne fait pas chaud, l’Ă©tape est moins vallonĂ©e, c’est dĂ©jĂ  ça.

Dreux à Rambouillet : je monte bien quelques collines puis ensuite la route est sur un revêtement rugueux, il faut forcer pour avancer malgré le fait que ce soit plat. Je sors du tracé par 3 fois, ne voyant pas les pancartes Paris, mais rappelé par les randonneurs derrière moi. Manque de concentration, quelle solidarité.
Certains se changent, j’en profite aussi pour mettre mon habit du dimanche, pour qu’on voit bien mon maillot. Je vois des italiens qui arborent un ruban vert, blanc, rouge sur le casque.
Je n’ai plus d’eau pour finir les 10 derniers kms, en plus il est pas loin de midi et il fait chaud.

L’arrivĂ©e :

La dĂ©livrance, on rentre par l’entrĂ©e du château, puis on monte sur la Bergerie Nationale. Beaucoup de gens, participants dĂ©jĂ  arrivĂ©s ou accompagnateurs, familles, bĂ©nĂ©voles, tout le monde est lĂ , il règne une atmosphère de fĂŞte, on est applaudi. On fait le tour dans la cour de la Bergerie puis on descend du vĂ©lo. De lĂ , rangement du vĂ©lo au parc Ă  vĂ©los, on part au contrĂ´le final, la carte de route nous sera renvoyĂ©e par la poste après homologation, on reçoit notre mĂ©daille, et un ticket pour le repas. On garde la plaque de cadre avec la puce, en souvenir.


Avant d’aller manger dans le chapiteau, je demande Ă  un des 2 japonais Ă  cĂ´tĂ© de moi de me prendre en photo.

VoilĂ , c’est fait, cette image est immortalisĂ©e, je m’en souviendrai longtemps, je l’ai fait en souffrant comme Ă  peu près tous, en allant au bout de l’effort et en repoussant mes limites. J’en suis très fier, fier aussi d’avoir reprĂ©sentĂ© mon club, l’AS Carnoux Cyclo, et je remercie tous ceux qui m’ont soutenu, encouragĂ© et maintenant fĂ©cilicitĂ©.

Et maintenant :

Je suis rentrĂ© Ă  la maison. J’ai perdu la sensibilitĂ© au niveau de la plante de mes pieds, sous l’ongle de l’orteil du pied droit c’est noir de sang, le tendon d’achille du pied droit est bien inflammĂ©, au retour entre Mortagne et Dreux, je me suis demandĂ© si j’allais pouvoir terminer, ça a Ă©tĂ© beaucoup de douleurs Ă  chaque coup de pĂ©dale avant que ça s’estompe un peu, la cheville est très enflĂ©e, mais le fait de conduire en voiture avec des chaussures fermĂ©es n’a pas dĂ» m’arranger, les mollets ça va, les cuisses ça fait mal mais ça passera, les tendons de mes genoux sont sensibles au toucher, j’ai mal pour monter des escaliers ou me lever d’une position assise, j’ai une lombalgie qui m’a commencĂ© mercredi, j’ai mal mais je ne suis pas bloquĂ©, ça va passer, le point le plus sensible Ă©tant l’Ă©tat de mes fesses, je suis violet, très inflammĂ© mais pas infectĂ©, un coup de soleil sur le visage, les lèvres gercĂ©es.
Je vais soigner tous ces petits bobos. Au boulot lundi déjà.

Retour sur ma préparation

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