LA THREE PEAKS BIKE RACE : RECIT COMPLET
Jeudi 23/07
Jour du grand dĂ©part, un peu excitĂ© Ă l’idĂ©e de partir, le sommeil a Ă©tĂ© lĂ©ger. Un petit coup de TER pour arriver Ă Marseille Saint-Charles, et je trouve que mon paquet est bien lourd quand j’accède au TGV.
Direction Francfort. Le voyage sera long mais tout se passe bien. Je me suis trompĂ© de voiture dans le TGV. Pas facile de trouver une place assez grande pour y mettre mon vĂ©lo donc quand je me dĂ©place pour aller dans la bonne voiture, tous les emplacements pour les bagages sont pris. Alors je le laisse oĂą il est, ce qui m’oblige Ă avoir un oeil dessus Ă chaque arrĂŞt. La clim bien froide, une maman avec son jeune bĂ©bĂ© qui pleure ont complĂ©tĂ© les joies du voyage.
ArrivĂ© Ă Francfort Ă l’heure, c’Ă©tait le train pour Vienne qui avait du retard. Je n’avais pas de rĂ©servation mais il y avait de la place. Le port du masque Ă©tant aussi obligatoire, ça a Ă©tĂ© un peu difficile de l’avoir en permanence sur son nez et sa bouche. Sur ce trajet, c’Ă©tait calme et j’ai pu me reposer. J’ai pu mettre le vĂ©lo dans la voiture oĂą des emplacements Ă©taient rĂ©servĂ©s.
La fin du trajet a été longue mais le train est enfin arrivé à destination.
Pour sortir de la gare, un peu paumĂ© avec l’appli gps qui tardait Ă s’activer, j’ai pris un peu au pif, bonne intuition, j’ai tout de suite repĂ©rĂ© un hĂ´tel, j’Ă©tais dans la bonne direction, le mien Ă©tait juste un peu plus loin, heureusement parce-que le vĂ©lo faisait son poids et la sangle que j’avais mise pour le porter me lacĂ©rait l’Ă©paule.
ArrivĂ© Ă la rĂ©ception, bien accueilli, en anglais, l’hĂ´tel est bien, ça change des boui-boui que je frĂ©quente d’habitude. ArrivĂ© dans la chambre, il Ă©tait bientĂ´t minuit, j’ai dĂ» dĂ©baller mon colis afin de rĂ©cupĂ©rer mon chargeur de tĂ©lĂ©phone restĂ© dans la sacoche de guidon. J’ai arrĂŞtĂ© la clim, dĂ©jĂ toute la journĂ©e dans le train, oĂą j’ai eu froid par moment, c’est pas le moment d’affecter mes bronches. Enfin libre de mon nez et ma bouche, je me suis mis au lit.
Vendredi 24/07
RĂ©veillĂ© Ă 6h30, j’ai bien dormi. J’ai commencĂ© Ă remonter les roues du vĂ©lo, accrochĂ© le prolongateur de cintre, posĂ© la sacoche de guidon, pris une douche, et suis allĂ© prendre mon petit dĂ©jeuner, copieux, ça me rappelle les Dolomites.
Au programme ce matin, visite Ă pied de la ville, ensuite je reviens Ă l’hĂ´tel finir de prĂ©parer le vĂ©lo pour l’emmener au magasin de vĂ©los prĂ©vu pour le check, remettre les documents signĂ©s avec l’assurance (liĂ©e Ă ma licence FFCT) et rĂ©cupĂ©rer ma casquette 11.
Avant d’aller au magasin de vĂ©los, j’ai voulu repĂ©rer la route entre l’hĂ´tel et le lieu dĂ©part, Ă l’entrĂ©e du palais de Schönbrunn.
J’y ai vu un comĂ©dien costumĂ© qui amusait la galerie. Je l’ai pris en photo et on a une discussion d’une bonne demi-heure, un grand bavard Ă l’âme sensible, discussion très riche avec cet autrichien qui a bien bourlinguĂ© durant sa vie, a fait le festival d’Avignon… et moi lui expliquant mon dĂ©fi insensĂ©…
J’ai poursuivi ma route. Comme d’habitude, je suis arrivĂ© en avance, il y avait dĂ©jĂ un français, Thierry, un parisien qui court en paire, avec StĂ©phane, d’Aubagne (Culture vĂ©lo) mais pas encore arrivĂ© et un Italien, NicolĂ . Après avoir Ă©changĂ© un peu avec eux, je suis allĂ© manger un morceau Ă cĂ´tĂ©. De retour, il a commencĂ© Ă pleuvoir et ça a continuĂ© tout l’après-midi.
Des Allemands sont arrivés. Bjorn Lenhardt était déjà là , avec sa casquette 96, avec les organisateurs dont Michael Wacker dans cette minuscule boutique.
Port du masque obligatoire, j’en avais pris un et pas plus de 5 personnes Ă l’intĂ©rieur. VĂ©lo vĂ©rifiĂ©, double Ă©clairage, bandes rĂ©flĂ©chissantes sur le vĂ©lo, sur le casque, veste fluo, bandes aux chevilles… Ensuite, Michael m’a donnĂ© ma casquette, le tracker en Ă©change des documents signĂ©s avec mon assurance. Il m’a pris en photo.
En repartant, j’ai discutĂ© avec les 2 jeunes français en solo, Pierre et Julien.
Ensuite, malgrĂ© la pluie, j’ai continuĂ© ma visite touristique inachevĂ©e ce matin, et j’ai vu tout ce que je voulais voir.
De retour Ă l’hĂ´tel, je me suis reposĂ© avant d’aller Ă la gare Ă cĂ´tĂ© pour manger des nouilles thaĂŻ aux lĂ©gumes. Ensuite je me suis reposĂ©, fait du lavage et rechargĂ© les appareils. J’ai fixĂ© le tracker sur l’avant du prolongateur de cintre, pris des notes pour ne rien oublier demain et faire tout ce qu’il y a Ă faire dans l’ordre.
Devant la tĂ©lĂ©, j’attends avant de me mettre au lit, quoique j’y suis dĂ©jĂ …
Samedi 25/07
RĂ©veillĂ© Ă 1h30, de plus en plus tĂ´t ! Difficile de retrouver le sommeil. Je redors quelques heures d’un sommeil lĂ©ger. Je finis par prendre le tĂ©lĂ©phone, et je dĂ©couvre les photos de tous les coureurs publiĂ©es cette nuit sur le groupe Facebook.
Je vais dĂ©jeuner tranquillement en prenant mon temps, je remonte Ă la chambre me reposer et puis je pars chercher du ravito pour cette nuit et demain, car les magasins sont fermĂ©s le dimanche. Je reviens de nouveau Ă la chambre me reposer et finir de me prĂ©parer. Il est bientĂ´t midi, je dois quitter l’hĂ´tel.
Direction la gare, où je remange des nouilles et puis je prends la direction du Schönbrunn. Les journées comme ça sont longues.
Il y a un peu de vent, du nord, alors que je vais vers l’ouest sud-ouest. Le soleil est voilĂ©. Apparemment, je devrais ĂŞtre tranquille cette nuit cĂ´tĂ© mĂ©tĂ©o et demain matin, mais pas sĂ»r pour l’après-midi.
J’arrive en avance, je vais prendre un cafĂ© puis je suis rejoint par d’autres coureurs allemands. En discutant avec eux, on parle du parcours, et quand ils voient par oĂą je passe, ils me disent qu’on n’a pas le droit de redescendre du Grossglockner par le mĂŞme versant. Il faut passer par le Heilingblut mais en plus il y a des travaux qu’il faut contourner. J’ai dĂ» zapper le dernier mail de l’organisateur. L’un d’entre eux me conseille de passer par le col de Brenner pour rejoindre Innsbruck et reprendre ma trace. C’est ce que je vais faire. Sur le coup, je suis un peu surpris, dĂ©goĂ»tĂ© mĂŞme de voir qu’après une si longue prĂ©paration, je me retrouve Ă moins de 2h du dĂ©part sans savoir oĂą passer exactement et dĂ©muni de trace GPS. Pas de panique, ça va aller.
Je viens me mettre Ă l’emplacement du dĂ©part, Ă©change avec les 2 jeunes français, Julien et Pierre. J’aperçois Bjorn Lenhardt, la vedette, prenant la pause avec des photographes, puis StĂ©phane Ouadja, Sofiane Sehili, revois les personnes rencontrĂ©es hier pour le contrĂ´le des vĂ©los.
Le dĂ©part est dĂ©sordonnĂ©, je suis dans le premier groupe et je comprends que le dĂ©part est donnĂ© quand les premiers coureurs s’Ă©lancent.
Je roule pas mal, au dĂ©but tout va bien, puis en dĂ©but de soirĂ©e, alors que j’ai parcouru 100 kms, j’ai du mal Ă me repĂ©rer pour trouver la bonne direction sur ces routes très champĂŞtres. Sans paniquer, je retrouve la route, et puis je roule, dĂ©passe ou me fait dĂ©passer par un jeune français Witold. Ça grimpe bien par moment, notamment pour arriver sur Lunz am See, j’espère que je vais pouvoir grimper le Grossglockner, entre le stress du dĂ©part, les nuits prĂ©cĂ©dentes oĂą j’ai peu dormi, je ne me sens pas au mieux. J’ai notamment mal au niveau de la hanche, du psoas, et c’est en train de devenir un dĂ©chirement Ă chaque coup de pĂ©dale. J’ai aussi la douleur au talon d’Achille qui revient, alors qu’elle avait disparu complètement depuis des mois, je ne comprends pas.
Je tiens absolument Ă arriver Ă Liezen, pour ĂŞtre dans le rythme prĂ©vu de mon plan de route mais il est bientĂ´t 3h quand je m’abrite dans une entrĂ©e de jardinerie, non loin d’une station d’essence. Je commence Ă m’endormir quand j’entends 2 autres cyclistes arriver pour se reposer.
Le matin, quand je me rĂ©veille, ils ne sont plus lĂ , dĂ©jĂ repartis. Il a fait un peu frais mais je n’ai pas eu froid avec le sac de survie.
Dimanche 26/07
J’aurai dĂ©jĂ fait 221km, j’ai un peu de mal Ă me remettre dans le bain. Je vais prendre Ă manger et boire un cafĂ© dans la station essence Ă cĂ´tĂ© avant de repartir peu après 6h. Le gps tarde Ă charger le parcours du jour et je ne prends pas la bonne route, en tout cas, celle que je devais prendre. Un petit dĂ©tour, mais c’est pas grand chose.
Les kilomètres dĂ©filent, je sens que je vais arriver au pied du Grossglockner un peu entamĂ© et que j’aurai du mal Ă parvenir au sommet avec les pentes raides que j’ai pu voir sur le profil.
VoilĂ j’arrive au pied du col, j’ai du ravito pour tenir, en ce dimanche oĂą tout est fermĂ©. Je prends comme ça vient, je souffre dĂ©jĂ dans les premières pentes pourtant lĂ©gères, avant les barrières de pĂ©age.
Pour les vĂ©los, c’est gratuit, il faut suivre les pancartes qui nous font contourner la route sur la droite. C’est Ă partir de lĂ que la pente se dresse, et j’essaie de m’accrocher, il faut vraiment que j’appuie fort sur les pĂ©dales pour avancer pĂ©niblement. Le col est long, jamais je ne pourrai monter sans mettre pied Ă terre, vu mon Ă©tat physique dĂ©gradĂ©. Alors je m’arrĂŞte assez frĂ©quemment, j’essaie de rĂ©cupĂ©rer avant de continuer, Ă ce rythme-lĂ , je ne suis pas encore arrivĂ©.
Quand se prĂ©sentent les premiers virages numĂ©rotĂ©s, ça devient impossible, et j’ai vraiment de gros problèmes physiques, je me rĂ©souds Ă monter Ă pied. De longues heures dĂ©filent, c’est long, c’est douloureux, il fait chaud ou je suis trop habillĂ©. J’aperçois au loin le Torköpf et l’Edelweisspitze mais ça commence Ă ĂŞtre dans le brouillard.
Quand je vois les pavĂ©s de l’Edelweisspitze, j’ai peine Ă croire qu’on puisse monter cette route de 2 kms avec un vĂ©lo. Je croise quelques concurrents qui descendent dĂ©jĂ , bon finalement, je ne dois pas ĂŞtre si mal positionnĂ©.
J’arrive au sommet, je prends une photo sur le dĂ©but du parking et je me dĂ©pĂŞche de descendre, on ne voit pas Ă 50m, de toute façon.
Après la descente, il faut monter quelques centaines de mètres jusqu’au Torköpf. Une petite descente puis on remonte jusqu’au Hochtor, c’est encore pĂ©nible, il fait 6-7°, pas plus. Ça commence Ă cailler. Après une photo du panneau, je me dĂ©pĂŞche de descendre, et c’est long, très long, mais au moins on arrĂŞte d’en baver.
Il ne faut pas que je loupe le bon chemin, on doit tourner Ă gauche Ă la bifurcation de l’Heilingblut. Je suis sans trace sur le gps sur cette partie. Il fait bientĂ´t nuit. J’arrive Ă Mörtschach, je vois une petite station, mais le gars semble fermer boutique. Je lui demande s’il est encore ouvert, il me dit de m’installer, il n’y a pas grand chose Ă manger alors il me propose son sandwich de midi prĂ©parĂ© par sa femme, on est en plein covid, j’accepte, je prends un cafĂ©, et on discute, je lui explique ce que je fais. On parle mĂ©tĂ©o, et il me dit qu’il va beaucoup pleuvoir cette nuit. On verra bien. Quand je ressors, la pluie s’est mise Ă tomber. Alors je change de plan, il est 22h, je vais dormir lĂ et je partirai plus tĂ´t, il y a un abri bus qui offre un bon abri, le banc Ă l’intĂ©rieur est constituĂ© de 2 planches larges, j’ai donc de quoi m’installer avec mon matelas, je dors bien après m’ĂŞtre lavĂ©, soignĂ©, brossĂ© les dents. Demain est un autre jour.
Lundi 27/07
J’ai mis un rĂ©veil mais je suis dĂ©jĂ debout avant, il ne fait pas chaud, mais pas froid non plus. Je semble avoir bien rĂ©cupĂ©rĂ© et grâce Ă des Ă©tirements, mes douleurs semblent avoir disparu. Heureusement, car la route est bien pentue dès le dĂ©part, pendant longtemps, ce doit ĂŞtre le col d’Iselsberg dont je ne verrai pas le panneau, avant d’entamer une longue descente qui mène Ă Lienz oĂą il y a des stations d’essence bien achalandĂ©es. Je repars revigorĂ©, avec un bon cafĂ© et viennoiseries, puis le jour se lève et je continue la route. LĂ aussi pas de trace, je me rĂ©père avec les grandes villes Ă traverser, pas de surprise, tout se passe bien.
Direction Innsbruck, via le col de Brenner, cette fois, il fait chaud, mais cette montée est assez douce et je la monte tranquillement.
Ensuite, c’est 30 kms de descente jusqu’Ă Innsbruck. Je m’y arrĂŞte pour faire le point et recharger la trace de mon parcours prĂ©vu initialement. Je m’arrĂŞte acheter Ă boire, et une glace dans une station, encore, car il fait très chaud.
Je continue Ă rouler, c’est pas trop dur, mais la journĂ©e va ĂŞtre longue, car il faut ĂŞtre Ă l’hĂ´tel a Bludenz ce soir.
Problème de navigation pour trouver la direction de Landeck par des pistes cyclables mal indiquées, je demande à 15 personnes pour trouver la route. Il faut être né ici pour la trouver.
J’arrive ensuite au pied du col de l’Arlberg, qui est très long. Je m’arrĂŞte refaire le plein de ravito, dans une station, je croise un concurrent belge, Lien Heselmans (39), qui me dit connaĂ®tre la route, ayant habitĂ© au Liechtenstein. Je le laisse partir devant moi. Il faut que je prĂ©vienne l’hĂ´tel de mon arrivĂ©e tardive. Impossible de les joindre. Je demande Ă Elise et Sami de m’aider, ils arrivent Ă les joindre et je reçois les instructions par SMS pour rĂ©cupĂ©rer les clĂ©s Ă l’extĂ©rieur. SoulagĂ© de ce cĂ´tĂ©-lĂ , je commence Ă monter, c’est long mais pas trop dur, j’ai du mal Ă me repĂ©rer et dois demander aux personnes que je croise encore Ă cette heure tardive si c’est la bonne route.
Les derniers kilomètres pour aller au sommet sont très pentues et j’ai beaucoup de mal Ă arriver en haut. Il fait nuit noire, il n’y a aucun Ă©clairage, il commence Ă faire froid. ArrivĂ© au sommet, une longue descente s’amorce avec les mĂŞmes difficultĂ©s de savoir oĂą on se trouve et si c’est la bonne route. Je vois la direction de Bludenz, mais Ă un moment je perds le chemin et je me retrouve sur ce qui me paraĂ®t ĂŞtre une autoroute. Je rappelle Elise, c’est la panique, je ne sais pas Ă quelle heure je vais arriver. Je sors de cette route, refais une recherche “oĂą aller” sur le gps mais la route indiquĂ©e me fait prendre une route la plus directe et me fait passer par des chemins improbables. J’arrive au centre de Bludenz mais je ne trouve pas l’hĂ´tel indiquĂ© Ă 200m. Elise surveille ma progression. En fait, il est Ă l’opposĂ© Ă la sortie de la ville, si je trouve c’est grâce Ă un automobiliste du coin mais Ă qui le nom de l’hĂ´tel ne dit rien. Coup de chance, on croise un taxi qui nous indique le bon chemin. Je suis la voiture, ouf on y est. Il est 0h30. La nuit va ĂŞtre courte.
Mardi 28/07
Je suis dans la chambre et je me donne du temps pour faire tout ce que j’ai Ă faire avant d’aller me coucher : recharger le tracker, laver un cuissard et un maillot, faire sĂ©cher le sac de couchage et de survie, prendre une douche, me brosser les dents, me soigner, et manger ce qu’il me reste. Il est 2h quand je mets au lit. Tant pis, je ferai la grasse matinĂ©e. Je mets le rĂ©veil Ă 7h.
Le rĂ©veil sonne et me rĂ©veille. J’ai dormi d’un trait. Dans les vapes, je me force Ă me lever et Ă ranger, recharger ma batterie externe, Ă reprendre une douche. Je m’habille et vais prendre le petit dĂ©jeuner. Je cherche mon vĂ©lo que j’ai laissĂ© Ă l’entrĂ©e, la fille que je croise n’a pas vu de vĂ©lo, elle n’est pas au courant, je vois la propriĂ©taire qui est soulagĂ©e de me voir, elle s’Ă©tait inquiĂ©tĂ©e puisque je suis arrivĂ© encore plus tard que prĂ©vu. Mon vĂ©lo est bien lĂ . Je prends le petit dĂ©jeuner en accĂ©lĂ©rant un peu, remonte Ă la chambre pour finir de me prĂ©parer puis je remonte la sacoche pour partir.
Il est 8h quand je pars, dans la bonne direction.
Je rejoins Feldkirch par des pistes cyclables agrĂ©ables mĂŞme si un peu sinueuses, j’avance assez vite puis c’est la piste le long du Rhin, en plat ou faux-plat mais avec du vent de face, c’est long et pĂ©nible.
Je quitte cette route pour reprendre la route normale. Je m’arrĂŞte graisser la chaĂ®ne avec ma petite brosse et burette d’huile. Quand je repars, je sens tout de suite que ça va mieux.
Je m’arrĂŞte manger un peu plus loin, non loin de Chur, juste avant, j’avais Ă©vitĂ© de justesse le vĂ©lo devant moi que je dĂ©passais et qui tournait Ă gauche pour aller dans un club de tennis.
Aux alentours de Versam, se dressent de belles rampes Ă escalader :
La rĂ©compense, c’est les paysages qui suivent :
Il fait chaud, et avant Disentis-Muster, l’orage menace, puis la pluie commence Ă tomber, ça ne mouille pas trop au dĂ©but. Et puis ça redouble, grosse averse, impossible de continuer. Je me mets Ă l’abri dans un garage que j’aperçois.
Le propriĂ©taire accepte que je bivouaque dans son garage, il grĂŞle avec des grosses bourrasques de vent, c’est impressionnant. On discute, je lui explique ma course, il me montre la mĂ©tĂ©o des prochaines heures. Une succession d’orages tout l’après-midi et demain beau. Très sympa, encore une belle rencontre. L’orage se calme, il me suggère de me remettre en route, d’avancer un peu, j’ai le temps d’aller jusqu’Ă Disentis et lĂ je verrai bien. Ok je vais faire comme ça alors, un grand merci, ça va me permettre d’aller jusqu’Ă Andermatt après un second orage en arrivant Ă Disentis, j’attends que ça se calme avant de commencer l’ascension de l’Oberalp, puis une 3ème vague m’arrĂŞte, j’attends, vois apparaĂ®tre un double arc-en-ciel puis je termine l’ascension du col et redescend sur Andermatt.
Je n’irai pas plus loin. Ma stratĂ©gie maintenant c’est d’aller dans la première pizzeria, manger, faire ma toilette et sĂ©cher. La pizza n’est pas donnĂ©e Ă Andermatt mais elle est bonne. Il est 22h quand j’en ressors après avoir passĂ© une demi-heure aux toilettes… Je cherche un coin abritĂ© pour la nuit, je ne sais pas s’il va pleuvoir encore. Finalement, je vois un bâtiment public oĂą des gens entrent et sortent. Ça doit ĂŞtre la gare. Une fois la porte franchie, je vois une aire vide avec 2-3 bancs et au sol un revĂŞtement en tartan. Je me mets sur un banc au dĂ©but pour observer qu’il n’y a pas grand monde, puis un peu plus tard, je dĂ©cide de dĂ©plier mon matelas dans un coin. La lumière me gĂŞne un peu, mais personne ne vient me dire de m’en aller. Je mets le rĂ©veil Ă 4h.
Mercredi 29/07
Quand je me lève, je me prĂ©pare et quand je sors Ă l’extĂ©rieur, je constate qu’il pleut, pas fort, alors je me dis tant pis, il faut y aller quand mĂŞme. Je cherche la direction du Furka pass, part dans la mauvaise direction, revient dans la bonne… L’ascension commence, c’est assez dur mais je trouve mon rythme. Il fait froid, la pluie s’arrĂŞte, le jour se lève mais on est dans le brouillard. Puis dans les derniers kilomètres, on passe au-dessus des nuages, et c’est une vue imprenable sur ce sommet.
Je redescends vite, pour ĂŞtre moins haut, avoir moins froid, mais c’est l’inverse qui se produit. Une longue descente, oĂą j’attends longtemps avant de pouvoir prendre un cafĂ© dans une auberge hĂ´tel. Je prends un grand cafĂ© et un gâteau suisse. C’est pas donnĂ© encore. Je suis transi.
Je pĂ©dale fort pour me rĂ©chauffer, puis je m’arrĂŞte un peu plus loin dans un petit commerce pour m’acheter Ă manger et Ă boire.
Aujourd’hui, c’est une grosse journĂ©e qui s’annonce avec la montĂ©e du col du Sanetsch.
Pour la route qui mène Ă Sion, la trace que j’ai faite me fait faire des zig-zag dans les petits villages traversĂ©s et j’ai l’impression de ne pas avancer. Alors je dĂ©cide de prendre une route plus directe. J’arrive enfin Ă Sion mais je dois traverser la ville pour arriver sur le lieu-dit du Pont de la Morge. La route monte Ă partir de Conthey dans les collines de vignes.
Avant d’attaquer, je m’arrĂŞte manger une salade, une vraie arnaque, ils ne prennent pas la carte, veulent bien me prendre 20 euros car ils ne rendent pas la monnaie ! C’est pas grave.
Je pars vite, il est bientĂ´t 14h. La montĂ©e est terrible, d’emblĂ©e, Ă travers ces vignes, et il fait très chaud, heureusement, il y a des fontaines et je trempe mes jambes et ma casquette pour me rafraichir, bois beaucoup et remplis mes bidons Ă chaque fois que je peux.
PassĂ© ces premières rampes, ça ne se calme jamais, alors j’essaie de trouver un rythme qui me permet de souffrir le moins possible, mais on est Ă plus de 10% alors je me mets en danseuse pour alterner. Je me sens beaucoup mieux qu’hier. On est 4-5 concurrents Ă monter ensemble sur quelques dizaines de mètres, alors ça aide, il y a un mĂ©lange de solidaritĂ© et d’Ă©mulation.
Il faut s’accrocher, et je me dis, que si je continue Ă ce rythme, je peux y arriver. Et soudain, la voiture de l’organisation est lĂ , avec 2 photographes nous attendant : ça crĂ©pite, ça me force Ă bien me tenir, ça redonne des forces.
Peu après, le fameux tunnel de 800 m se dresse devant moi, je sais qu’après il ne reste plus que quelques kilomètres jusqu’au sommet du col.
Me voilĂ arrivĂ©, mais ce n’est pas encore fini, il faut aller en direction du barrage, et lĂ on n’est pas déçu de la vue magnifique, sauf de la pente descendante qu’on pense dĂ©jĂ Ă devoir remonter dans l’autre sens. Mais le plus dur est fait.
Quand j’arrive au bout, il y a un petit restaurant avec une fontaine oĂą je retrouve 2-3 autres concurrents. Je prends des photos, puis je ne tarde pas Ă rentrer. Pas si dur la remontĂ©e, après je descends Ă vive allure sur Conthey, pour reprendre la route en direction de la frontière.
Je m’arrĂŞte dans un petit restaurant avec des bancs Ă l’extĂ©rieur, c’est sympa.
Je demande au patron s’ils prennent la carte, non, les euros, non. J’explique ce que je fais, alors le patron commence Ă me tutoyer, Ă me conseiller sur une bière, qu’avec mon billet de 10 euros qu’il me reste, il va me prĂ©parer une salade et des frites maison, il m’offre une 2ème bière, très sympa, rencontre inoubliable. Je vais me laver et me soigner avant de partir, cette rencontre et ce repas avec ces 2 bières au gingembre-citron m’ont requinquĂ©.
Je repars, arrive Ă Martigny, mange une petite glace Ă une station puis prend la direction du col de la Forclaz. Il fait nuit, il n’y a pas d’Ă©clairage, et c’est bizarre comme route : ça monte sur plusieurs kilomètres sur des pentes bien raides toutes droites, sans rĂ©pit, puis Ă©pingle Ă cheveu, et ça recommence. C’est long, et je suis content quand j’arrive. Il est près de minuit. Je dĂ©plie mon couchage, au pied de l’hĂ´tel au sommet.
Jeudi 30/07
Quand je repars Ă 6h, je descends le col, passe la frontière, mais un autre col arrive, je ne l’avais pas repĂ©rĂ©, c’est le col des Montets, mais il n’est pas trop dur.
J’espère arriver vite pour boire un cafĂ© et prendre Ă manger. C’est Ă Argentière, juste avant Chamonix.
J’avance bien, je passe Chamonix, puis continue la route qui, par endroits, monte bien. Ensuite, il fait vraiment une chaleur Ă©touffante, et arrivĂ© Ă MontmĂ©lian, avant Grenoble, je fais une pause supermarchĂ©, je bois 3 litres d’eau gazeuse, jus de fruits et eau minĂ©rale.
J’attends qu’il fasse moins chaud, tant pis, je perds du temps, mais je vais rouler de nuit pour compenser.
Je dĂ©cide de reprendre la route mais j’ai perdu ma trace, avec la chaleur qui abrutit, j’ai du mal Ă me concentrer et je prends finalement une route directe pour Grenoble, il y en a plusieurs, sans regarder ma trace qui me fait passer par des petits villages comme Pontcharra…. J’arrive finalement Ă Grenoble, recharge ma trace pour continuer, et ça me fait passer par le centre-ville, sur les quais de l’Isère, oĂą on peut voir le tĂ©lĂ©phĂ©rique. Je m’arrĂŞte dans un bar prendre une bière bien fraĂ®che puis une deuxième puis un cafĂ©. Le propriĂ©taire a ouvert son bar il n’y a pas longtemps. Je suis le seul client, je discute avec lui, c’est sympa.
Je continue ma route et file sur une piste cyclable sur les berges de l’Isère, c’est le coucher de soleil, je roule assez vite, c’est plat.
Je continue tant que je peux, et je m’arrĂŞte Ă St-Nazaire-en-Royans, oĂą Ă cette heure-lĂ , les restaurants sont fermĂ©s, sur la place du village, oĂą se trouvent des toilettes publiques bien propres. Lieu idĂ©al pour mon bivouac.
Vendredi 31/07
Je repars de St-Nazaire peu avant 5h. J’aurais dĂ» ĂŞtre, selon mon plan de route Ă Malaucène. C’est pas grave, j’essaie d’avancer au mieux et je pense reprendre du temps dans le final en roulant la nuit prochaine.
Mais avant, il y a un gros morceau, le 3ème Peak, le Mont-Ventoux. Et avant d’y arriver, vu que j’ai dĂ©cidĂ© de le monter par Sault, le cĂ´tĂ© le plus facile, tout du moins, jusqu’au chalet Reynard, il faut que je contourne en passant par Mirabel-aux-Baronies, Mollans-sur-Ouvèze, St-LĂ©ger-du-Ventoux, Aurel.
Pas sûr que ce soir le meilleur plan, je ne sais pas ce que font les autres.
La route est pénible, je passe par des montées difficiles, avec encore du gravillon, qui me fait tomber à Vinsobres, rien de grave, des égratignures sur le genou gauche.
ArrivĂ© Ă Mollans-sur-Ouvèze, c’est lĂ que ma trace m’envoie sur la route de Sisteron alors que j’aurais dĂ» prendre la route de St-LĂ©ger-du-Ventoux. Quand je m’aperçois de l’erreur, j’ai fait au moins 5 kms de descente qu’il faut remonter. Les traces de l’aller vers Sault et du retour par Malaucène se sont croisĂ©es. Je croise l’Italien NicolĂ , qui me demande ce qui se passe, si j’ai dĂ©jĂ grimpĂ© le Ventoux, lui oui, je vois passer d’autres concurrents qui reviennent aussi de Malaucène. J’appelle Elise et Sami, dans la panique, repasse par Mollans, par le centre-ville cette fois et la chaleur qui ralentit le cerveau me ramène au resto oĂą des gens m’ont indiquĂ© la bonne direction, n’Ă©tant pas sĂ»r et ne voyant pas de panneau, je retourne au restaurant. Ils me prennent pour un gaga. C’est juste la panique, puis la rage quand je vois comme ça monte, puis l’Ă©puisement car il fait vraiment trop chaud, je regarde le thermomètre : plus de 42 °.
J’arrive enfin Ă Sault, complètement cuit. Je croise le jeune allemand N°26, Kilian Hermes, avec qui on s’est croisĂ©s plusieurs fois. On va Ă l’Ă©picerie du coin, puis on se met Ă l’ombre sur le muret de la place. Au bout d’une heure, il veut repartir, je lui dis que je ne suis pas prĂŞt et lui souhaite bonne chance.
Après cette sieste pas vraiment rĂ©paratrice, je dĂ©cide quand mĂŞme d’y aller. Mais j’ai mal au ventre, encore une pause “Comment chier dans les bois”.
Je vais doucement, je trouve quand mĂŞme la force de ne pas mettre pied Ă terre, et puis ce sont les retrouvailles avec les photographes au sommet, avec qui je reste quelques minutes Ă discuter. J’apprendrai plus tard que le panneau a encore disparu durant cette nuit.
Je redescends Ă fond sur Malaucène, et je m’arrĂŞte prendre une bière avant de poursuivre. Je charge ma nouvelle trace qui va jusqu’Ă Nice. Je reconnais le chemin dĂ©couvert l’autre jour. Et je roule jusqu’oĂą je peux, je sais que je ne pourrai pas arriver Ă Sisteron cette nuit.
Je tombe de sommeil Ă 1h au dĂ©but du col de Perty. J’Ă©tends juste le sac de survie dans l’herbe au bord de la route. Pendant mon sommeil, j’entends le brame d’un cerf Ă quelques mètres de moi, et qui tape des sabots. Je ne dors pas bien, sans matelas, c’est pas très confortable, et j’ai beaucoup de condensation dans le sac.
Samedi 01/08
Il est 6h quand je reprends la route, je continue l’ascension du col de Perty, la chaussĂ©e est moins bonne qu’il y a 1 mois et demi, avec des gravillons, j’arrive tranquillement, et dans la descente, la route est vraiment pleine de gravillons, c’est dangereux, je ne roule pas vite pour Ă©viter la chute.
Je m’arrĂŞte dans un petit village avant Sisteron pour prendre un cafĂ© et remplir mes bidons. Puis j’arrive Ă Sisteron Ă une bonne allure. La trace a changĂ© parce-que je n’arrive pas par la mĂŞme route que lors de mon repĂ©rage de juin. Je m’arrĂŞte Ă une Ă©picerie Ă dĂ©faut de repĂ©rer le cafĂ© et la boulangerie de l’autre jour, puis après avoir mangĂ© et bu un jus de fruit, prends la direction de la Citadelle avant de continuer pour attaquer la Montagne de Lure. Mais il est dĂ©jĂ plus de 9h et il fait dĂ©jĂ très chaud. Je m’arrĂŞte me laver les dents, me soigner et graisser la chaĂ®ne une nouvelle fois. La route est lĂ aussi couverte de gravillons, avec une bonne couche, ça rend dingue, c’est pas assez difficile comme ça ? ça patine par endroits, je monte Ă pied.
Content d’ĂŞtre en haut, je ne m’arrĂŞte pas pour prendre des photos, j’en ai dĂ©jĂ de mon dernier passage.
Ensuite c’est le plateau de Valensole, les lavandes ont Ă©tĂ© coupĂ©es, je n’avance plus, c’est usant, je suis cuit, il fait trop chaud, mais j’arrive quand mĂŞme comme je peux jusqu’Ă Moustiers pour prendre un cafĂ© et vais aux toilettes car j’ai encore mal au ventre, avec ce problème de transit.
Quand je repars, il y a du vent, c’est la tempĂŞte mais pas dĂ©favorable pour la route que je fais. Apparemment certains montent le Ventoux Ă ce moment-lĂ mais c’est fermĂ©.
Quand j’arrive Ă La Palud-sur-Verdon, je prends bien la route des crĂŞtes, repĂ©rĂ©e il n’y a pas longtemps, suite au changement de parcours, et ça aide car il fait nuit, on n’y voit rien, malgrĂ© la pleine lune. Du haut, on voit au loin, cĂ´tĂ© Castellane, des Ă©clairs. Je vais doucement quand mĂŞme en restant prudent puis continue ensuite jusqu’Ă Castellane. Pas d’orage, c’est sec.
Je m’arrĂŞte sur un muret de pierres encore chaud, et je m’allonge sur le dos sans rien dĂ©baller de la sacoche. Je m’aperçois que j’ai perdu mes baskets, j’ai dĂ» les perdre en roulant.
Dimanche 02/08
Je me rĂ©veille, si on peut dire, au bout de 2h avant de repartir pour ne plus m’arrĂŞter. Je suis motivĂ© pour en finir et arriver vers 10-11h. Mais la route s’avère encore difficile. Tant que les jambes tiennent…
Le col de Saint-BarnabĂ© m’attend, me paraĂ®t plus facile que la dernière fois. Je reconnais la route empruntĂ©e il y a 1 mois et demi, je me sens pas trop mal.
Un peu plus loin, vers St-Auban, il fait très froid, pourtant le compteur m’indique une tempĂ©rature d’environ 11°, c’est ce que j’avais ressenti dĂ©jĂ au mois de juin lors de mon repĂ©rage. Alors je fonce sur ce faux-plat descendant, pour me rĂ©chauffer. Mais je dois me calmer car je ne me suis pas encore alimentĂ©.
Il va falloir attendre d’arriver Ă Aiglun, après les Clues, pour trouver une auberge hĂ´tel (de Calendal) afin de prendre un cafĂ© et un pain au chocolat.
Le changement du parcours me fait passer par ConsĂ©gudes, Bouyon, la route est chouette mais encore pentue. Je suis content de trouver une camionnette Ă pizzas qui n’a qu’un brownie et une boisson Ă©nergĂ©tique Ă me proposer Ă cette heure-lĂ , je prends, ça me fait du bien, je sens que j’arrive, je suis galvanisĂ© alors je fonce, ça sent l’arrivĂ©e. On arrive par Gattières, La Gaude, puis Ă Saint-Laurent-du-Var, je perds la trace voulant me faire passer par un mur que certains n’apprĂ©cieront pas (pour rejoindre la corniche d’Agrimont), moi je l’Ă©vite et rejoins directement la piste cyclable avant l’aĂ©roport, tant pis si je dĂ©vie de quelques mètres de l’itinĂ©raire. Et puis j’arrive au bout de la Promenade des Anglais, en face de l’hĂ´tel Negresco. Michael est lĂ , avec son appareil photo, il me fĂ©licite et me demande si ça va. Il est 12h05. Il me propose une bière, je ne dis pas non.
Michael m’offre comme Ă tous les arrivants l’affiche d’Alex Hotchin, ce sera un beau souvenir.
Je regarde mon tĂ©lĂ©phone, je ne sais pas du tout quel est mon classement, n’ayant jamais consultĂ© le site de tracking, Elise me dit que je serais 46ème, bonne surprise, je n’en espĂ©rais pas autant, et que j’aurais remontĂ© 12 places depuis le Ventoux.
Je suis heureux d’avoir fait cette course, alors que j’avais bien hĂ©sitĂ© au moment de m’inscrire. Elle a failli ne pas avoir lieu, pendant des mois, il n’y a eu que des incertitudes jusqu’au dernier moment. Je suis aussi très content d’avoir suscitĂ© autant d’engouement dans mon entourage, ma famille. C’est la course qui veut ça, et avec le site de tracking en ligne, c’Ă©tait une façon de susciter l’intĂ©rĂŞt.
J’arrive non pas Ă©puisĂ© mais fatiguĂ©, avec de petits bobos mais rien de mĂ©chant, j’ai simplement très mal aux deux genoux, mais ça ne ressemble pas Ă une tendinite, c’est juste que j’ai dĂ» appuyer fort sur les pĂ©dales dans les cĂ´tes.
Je prends une douche sur la plage, ça fait un bien énorme. Je me sens un autre homme.
J’Ă©change un peu avec quelques concurrents, je revois l’italien NicolĂ , qui veut savoir ce qui s’est passĂ© quand on s’est croisĂ©s alors que j’Ă©tais perdu. Je vois le tchèque Tomas Zaplatilek qui a abandonnĂ© suite Ă ses problèmes de cervicales. Je salue les autres participants dĂ©jĂ arrivĂ©s et les fĂ©licite.
Cette fois, je vais attendre Jean qui est venu ce dimanche Ă Nice voir sa mère et qui m’a proposĂ© de me ramener Ă la maison, c’est super sympa. Le voilĂ , il arrive. Je dis au revoir Ă Michael qui me remercie de ma participation et espère me revoir sur cette course ou d’autres qu’il organise, pourquoi pas ?
J’arrive Ă la maison Ă mĂŞme pas 17h. L’aventure se termine.
Les chiffres :
2120 kms 26526 m de D+
7 jours 20h 05mn
46ème place sur 97 en solo dont 19 abandons
j’ai grimpĂ© 15 cols (Grossglockner, Hochtor, Iselsberg, Brenner, Arlberg, Oberalp, Furka, Sanetsch, Forclaz, Montets, Ventoux, Perty, Montagne de Lure, Ayen, Route des crĂŞtes du Verdon, Saint-BarnabĂ©).
J’ai mangĂ© 2 repas chauds (des pâtes Ă Chur et une pizza Ă Andermatt) sinon repas froids dans boulangeries, Ă©piceries, supermarchĂ©s, stations d’essence.
1 nuit d’hĂ´tel Ă Bludenz
En moyenne 4h45 de sommeil par nuit, la plus longue de 6h30, la plus courte de 2h.
Etape la plus longue 349 kms lundi entre Mörtschach et Bludenz.
5 galères de navigation (Recherche de la direction de Sant-Pölten, à Imst pour trouver la route de Landeck :
ArrivĂ©e Ă Bludenz et recherche de l’hĂ´tel, MontmĂ©lian pour trouver la route de Grenoble, Mollans/Ouvèze pour trouver la route de St-LĂ©ger-du-Ventoux)